Pourquoi briser le silence ?
Un des aspects les plus dommageables d’une agression sexuelle c’est le silence qui l’entoure. Plusieurs victimes ont subi des atrocités sans jamais pouvoir le dire à personne. Garder un tel secret peut faire en sorte que la victime développe des sentiments de honte, de culpabilité, d’isolement et de peur. Parler des agressions sexuelles vécues durant l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte n’est pas toujours une décision facile. Cela peut être une expérience difficile et peut aussi être une occasion de mettre fin à une situation d’agression.
Sortir de l’isolement et briser le silence sont des éléments importants du processus de guérison pour la victime d’agression sexuelle. Si elle choisit de vous en parler, c’est qu’elle vous fait suffisamment confiance pour partager l’histoire réelle de sa vie en espérant recevoir une réponse compatissante à sa douleur. Parler de son agression est essentiel et libérateur.
Il est parfois difficile de comprendre pourquoi une victime garde ou a gardé le silence pendant plusieurs années. Il peut y avoir plusieurs raisons qui l’empêchent de le briser.
Nous vous partageons ici quelques-unes des raisons qu’elles nous ont relatées :
- la crainte de l’agresseur;
- la peur des représailles;
- l’impression d’être seules à vivre une telle situation;
- le sentiment de culpabilité et de honte de ce qui leur est arrivé;
- la crainte des commentaires désobligeants;
- la peur de ne pas être crues;
- l’impression d’être responsables de ce qui leur arrive;
- les sentiments parfois confus à l’égard de l’agresseur;
- l’appréhension des démarches judiciaires;
- la peur de perturber la vie de leurs proches;
- la crainte des réactions ou les remarques de leur entourage;
- la peur d’être en contact avec leurs émotions;
- etc.
Ce ne sont pas toutes les victimes qui gardent le secret entourant la situation de l’agression sexuelle vécue. Plusieurs en ont parlé à quelqu’un sans toutefois avoir reçu une réponse bienveillante et aidante. Au lieu d’être crues et protégées comme elles étaient en droit de s’y attendre, on les a peut-être ignorées, blâmées, ridiculisées ou agressées davantage. Et même si on les a crues, on a peut-être minimisé, banalisé ou même justifié l’agression, comme par exemple, en responsabilisant les victimes. Elles ont alors intégré le message que ça valait mieux de ne plus en parler.
Parler de leur agression comporte des avantages quoique ça puisse être difficile pour les victimes de les identifier. Nous croyons que le fait de briser l’isolement, de parler de leur vécu, de partager leur douleur, de comprendre ce qui leur est arrivé et de ce qu’elles vivent encore, d’établir des relations de confiance, etc. pourra leur permettre de s’outiller afin de reprendre du pouvoir sur leur vie.
Par ailleurs, choisir d’omettre certaines informations qu’elles considèrent trop privées ou tout simplement parce qu’elles ne veulent pas les partager n’est pas l’équivalent d’un mensonge; c’est une mesure de protection.
Il faut permettre à la victime de choisir le meilleur moment et les meilleures circonstances pour elle de parler de l’agression sexuelle. Il faut respecter également son désir ou non de recevoir une étreinte. Elle est la seule à pouvoir établir ses limites quant aux personnes à qui son histoire pourra être répétée. La femme peut aussi en parler une fois et décider de ne plus en reparler; il faut respecter sa décision.
Voici une liste de quelques motivations qui font que les victimes s’autorisent à en parler :
- surmonter leur honte;
- découvrir qu’elles ne sont plus seules et différentes;
- cesser de suivre les règles de l’agresseur;
- protéger d’autres personnes par rapport aux agressions;
- dénoncer le coupable;
- se sentir soulagées;
- leur permettre d’avancer dans leurs difficultés à reconnaître que ça leur est arrivé et qu’il y a des conséquences dans leur vie;
- etc.