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La prostitution… c’est là que j’étais quand ça s’est produit. Je pensais être en sécurité avec mon patron dans un bar tranquille à boire un verre ensemble. Puis est venu ce moment où je suis tout banalement allée aux toilettes…. J’ai ouvert la porte pour sortir et il y avait ces 7 géants qui m’ont repoussée à l’intérieur. Je suis devenue tout d’un coup tellement petite et j’ai eu l’impression que tout dans mon corps voulait tomber par terre. Ils m’ont donné un sachet avec une pilule dedans et m’ont demandé d’être une bonne fille. Je me souviens de toutes ces mains qui me touchaient et me frappaient les seins. Je me souviens qu’à plusieurs moments, je ne touchais même plus au sol et que j’avais tellement mal… Je vais toujours me souvenir de ce sentiment de peur et d’impuissance qui m’a envahi, puis la douleur et la noirceur qui s’en sont suivies et paffff plus rien, la complète dissociation.

Ça m’aura pris 15 ans et un burn-out pour me souvenir de façon très violente de cette soirée au bar…. 15 ans pour revenir à cette réalité et pour comprendre pourquoi j’étais dysfonctionnelle sur le plan affectif et sexuel. J’étais tellement perdue et en douleur à ce moment-là que j’ai failli en finir avec ma vie. C’est à partir de cette crise que je suis allée chercher de l’aide et que j’ai débuté une merveilleuse thérapie. Je suis tombée sur une vraie perle rare qui m’a aidé à passer au travers de tout ça.

Ensuite est venu le CALACS !!! Quelle expérience exceptionnelle! J’étais tellement refermée sur moi-même et en détresse, mais je ressentais le besoin de faire une démarche dans un groupe de soutien avec d’autres femmes qui ont vécu des agressions sexuelles. J’y ai trouvé de l’aide, du soutien et des encouragements des autres survivantes et elles m’ont tellement aidée dans ma situation. Le groupe dans lequel j’étais était rempli d’amour et c’était tellement libérateur pour moi. On n’a pas conscience à quel point cela peut être bienfaisant d’avoir une place où l’on est libre de ressentir tout ce que l’on veut et de dire vraiment comment on se ressent sans peur d’être jugée ou incomprise. C’est une vague de compassion et de compréhension immense que l’on récolte en allant au groupe de soutien au CALACS.

Donc, tranquillement je guéris, je me respecte et je grandis. Tranquillement, je ne suis plus seulement une fille qui s’est fait violer, mais bien une fille qui a survécu!

Emi