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En tant que partenaire… que dois-je savoir ?

Si vous vivez une relation intime avec un-e partenaire qui a été victime de violence sexuelle, ce texte vous est destiné, et ce, que vous viviez dans une relation homosexuelle ou hétérosexuelle. Vous et votre partenaire n’êtes pas seul-e-s. Au moins une femme sur trois et un homme sur six seront victimes de violence sexuelle au cours de leur vie. Plus les survivantes adultes parleront ouvertement de la violence sexuelle dont elles ont été victimes et de la façon dont cela les a affectées, plus leurs partenaires pourront comprendre comment une telle expérience a des effets sur leur relation.

 

La violence sexuelle a affecté tout le développement émotif de votre partenaire et par conséquent, cela peut avoir des impacts sur votre relation de couple et toucher différents aspects de celle-ci :

La confiance. L’agression sexuelle est souvent vécue par la victime comme une trahison de sa confiance, surtout si la personne qui l’a agressée ou qui lui a infligé de la violence était quelqu’un qu’elle connaissait, qu’elle aimait et avec qui elle se sentait proche. À la suite d’une telle expérience, il est possible que votre partenaire ait de la difficulté à vous faire confiance dans certains aspects de votre relation.Le pouvoir. Votre partenaire peut, à certains moments, se sentir impuissante et incapable de s’affirmer. En revanche, à d’autres moments, elle peut essayer de tout diriger dans les moindres détails, de façon à se sentir en sécurité et à avoir l’impression d’exercer plus de pouvoir.

Le corps. Lors de l’agression sexuelle, la victime a pu essayer de se protéger de la douleur et de l’humiliation en apprenant à s’engourdir ou à se dissocier de son corps pour s’échapper mentalement et émotivement.

Elle peut :
  • en être venue à détester la vulnérabilité de son corps;
  • se sentir honteuse d’avoir ressenti du plaisir en réponse aux touchers sexuels;
  • être aux prises avec l’insomnie si elle a été agressée au lit ou durant son sommeil;
  • se négliger;
  • avoir des tensions chroniques;
  • être encline à la maladie;
  • ressentir tellement de détresse à propos de son corps au point de le maltraiter;
  • consommer de l’alcool ou des drogues dans le but de s’évader ou de se sentir mieux;
  • manger compulsivement afin de rendre le corps moins attirant et ainsi croire qu’elle se protège contre d’autres agressions sexuelles;
  • se sous-alimenter compulsivement et croire qu’un contrôle strict de ce qu’elle mange ou ne mange pas, lui redonnera le contrôle qu’on lui a volé.
  • Etc.

L’intimité. L’intimité est la capacité à entrer en contact étroit avec quelqu’un et à se dévoiler telle que l’on est. Pour que l’intimité soit harmonieuse, la relation de couple doit être empreinte de respect, de sincérité, de réciprocité, d’amour, d’ouverture et de compréhension. Ce sont les conditions gagnantes du dévoilement, autrement dit, de l’intimité.
Pour diverses raisons, plusieurs survivantes trouvent difficile de constituer et de maintenir des relations intimes saines.

 
Elles peuvent consciemment ou non :
  • avoir de la difficulté à donner de l’affection ou à recevoir l’affection de quelqu’un d’autre;
  • avoir de la difficulté à croire que ceux avec qui elles développent de l’intimité n’en profiteront pas pour abuser d’elles également;
  • trouver que l’intimité est envahissante et suffocante;
  • être terrifiées à l’idée de se laisser aller dans l’intimité;
  • s’accrocher à ceux qu’elles aiment ou sexualiser toutes leurs relations;
  • saboter leurs relations quand elles deviennent trop intimes parce qu’elles les considèrent trop menaçantes;
  • éviter de créer des liens étroits avec les autres par peur d’avoir à dévoiler leur secret;
  • trouver difficile de conserver leur individualité dans une relation.
  • Etc.
«Rappelez-vous que guérir d’une agression sexuelle est un fait héroïque. Elle mérite votre respect, votre confiance et votre admiration !»

La survivante peut avoir appris à se comporter comme si tout allait bien, tout en cachant ses vraies pensées et ses vrais sentiments, même à elle-même. Or, l’intimité consiste justement à partager notre histoire à quelqu’un. Par ailleurs, elle peut développer les aptitudes nécessaires pour recevoir l’amour et partager l’intimité qu’elle mérite dans sa vie.

La sexualité. Il ne faut pas confondre sexualité et intimité. Il va de soi que la sexualité peut faire partie de l’intimité, mais ces deux mots ne sont pas synonymes.

La violence sexuelle peut avoir entravé le développement normal de sa sexualité. Une survivante peut vivre des difficultés considérables dans ce domaine. L’agression sexuelle est un geste de violence imposé qui peut avoir été vécu dans l’humiliation et même dans la douleur physique.

 

Le dévoilement par votre partenaire d’une agression sexuelle peut interférer dans votre vie de couple, par exemple :
  • Si, pendant son enfance, l’agresseur lui a exprimé de l’affection ou de l’appréciation ou si c’était le seul moyen d’avoir des contacts physiques ou affectifs, lorsqu’elle était enfant, elle peut maintenant mêler la sexualité et la tendresse ou juger sa valeur personnelle en termes sexuels.
  • N’ayant pu dire « non » à l’agresseur, elle a pu se sentir obligée de coucher avec tous ceux qui la désiraient.
  • Certaines femmes ayant vécu une agression sexuelle nous ont rapporté que leur corps a réagi par le plaisir lors de l’agression, plus fréquemment dans les cas d’inceste. Pour la majorité, la honte toxique est reliée à ce fait: elles étaient terrifiées, mais le corps a eu une réaction d’excitation sexuelle ! Pour la plupart, ce sont les premiers contacts sexuels et ils ont été commis par des adultes expérimentés. La tête disait non, mais le corps s’en fichait parce qu’il obéissait à une réaction physiologique naturelle. Elles n’avaient plus le contrôle de leur corps.
  • Ses sentiments de culpabilité et de honte à propos d’un possible plaisir lors de l’agression peuvent l’amener à s’engourdir ou à quitter son corps durant une relation sexuelle.
  • Elle peut vivre des « flashbacks » douloureux (souvenirs vifs, nets et précis de l’agression) qui l’empêchent d’apprécier sa sexualité actuellement.
  • La peur et le secret impliqués peuvent l’amener à trouver que la sexualité est une expérience terrifiante, quelque chose à éviter ou à terminer rapidement.
  • L’agression peut l’avoir amenée à percevoir son corps comme une source de douleur. Il peut être maintenant difficile de le considérer comme une source de plaisir.
  • Elle peut refuser les rapports sexuels ou, au contraire, s’en servir pour exercer du pouvoir ou gagner de l’affection et non pas comme un moyen d’exprimer son amour.
  • Elle peut ne pas vouloir de relations sexuelles ou en désirer seulement quand elle contrôle les circonstances.
  • Elle peut vouloir seulement certaines activités, seulement vous toucher et ne pas vouloir être touchée ou viceversa.
  • Elle peut vouloir des relations sexuelles seulement si elle en prend l’initiative, seulement si vous vous massez mutuellement avant ou seulement si vous avez le temps de parler avant ou après.
  • Elle peut parfois vous donner l’impression que son souhait est de faire l’amour seulement lorsque c’est la nouvelle lune, qu’il neige et que les enfants sont au camp de vacances.
  • Etc.

Si certains de ces faits font partie de son expérience, souvenez-vous qu’avec le temps et le travail qu’elle fera sur elle-même, elle arrivera à se réapproprier sa sexualité et la possibilité de vivre des plaisirs sexuels sains.