Note de Carole : Suite à la médiatisation de ce qu’on appelle maintenant « l’affaire Gomeshi », notre regrouprement provincial a émis un communiqué de presse que vous pourrez lire ci-bas. Le CALACS Châteauguay a fait paraître ce même communiqué dans le journal Le Soleil de Châteauguay
8 novembre 2014 | Marie-Josée Lavoie – Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel. Montréal, le 7 novembre 2014 |
On a rarement autant parlé dans les médias des difficultés de dénoncer les agressions sexuelles que ces derniers jours. La chroniqueuse Michèle Ouimet nous livre même un touchant témoignage dans La Presse de jeudi, racontant un viol subi il y a 40 ans qu’elle n’a jamais dénoncé, pour « que l’on comprenne le silence des femmes violées ».
Un des aspects les plus dommageables d’une agression sexuelle, c’est le silence qui l’entoure. Garder un tel secret peut faire en sorte que la personne entretienne des sentiments de honte, de culpabilité, d’isolement et de peur. La peur notamment de ne pas être crue, d’être jugée et rejetée. Des femmes qui ont dévoilé des situations d’inceste après des années de silence ont été exclues des fêtes de famille, parce que leur parenté ne pouvait croire que l’oncle si sympathique ait pu commettre des actes aussi ignobles.
Dans les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), près de la moitié des femmes rencontrées ont attendu 13 ans ou plus avant de demander écoute et soutien.
Outre la honte et la culpabilité, les victimes peuvent vivre des conséquences normales et variables d’une personne à une autre, par exemple des problèmes physiques, psychologiques, troubles de l’alimentation, problèmes de dépendance, difficultés sexuelles et relationnelles, anxiété. Ces conséquences rendent le dévoilement encore plus difficile. Le soutien des proches, des amis et de la famille joue donc un rôle très important.
C’est parfois avec ce soutien que certaines brisent le silence et réussissent à sortir de l’isolement, à surmonter la honte, à cesser de suivre les règles de l’agresseur, à protéger d’autres personnes par rapport aux agressions et à l’agresseur, à reprendre du pouvoir sur leur vie, etc. Malheureusement, ce soutien manque parfois et nous jugeons les victimes trop facilement.
Comme société, nous devons être sensibles aux mythes et préjugés : tant que la parole des victimes sera mise en doute malgré les grandes difficultés de dénoncer, tant qu’elles seront tenues responsables d’une façon ou d’une autre – par leur attitude, leur consommation d’alcool, le nombre de leurs partenaires sexuels… — le silence entourant les agressions à caractère sexuel perdurera, et les victimes ne trouveront pas le soutien dont elles ont besoin.
Je vous invite également à aller lire ces quatre articles forts intéressants sur le même sujet :
https://www.lapresse.ca/debats/chroniques/michele-ouimet/201411/06/01-4816422-la-honte.php
https://plus.lapresse.ca/screens/6d599a6f-e043-4549-acd4-9246171913dc%7C_0
https://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte/201411/08/01-4817113-le-silence-des-hommes.php
https://jocelynerobert.com/tag/ghomeshi/