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Châteauguay, 21 octobre 2016 – Tout a commencé avec #AgressionNonDénoncée en 2014. Puis, il y a eu le cas de Jian Gomeshi, qui a montré l’inefficacité de notre système de justice à traiter les situations d’agressions sexuelles. Il y a eu les femmes autochtones de Val d’Or, qui ont dénoncé les agressions des policiers, puis ces derniers qui poursuivent actuellement la journaliste qui a révélé ces crimes dans un reportage bouleversant. Il y a eu le harcèlement sexuel de Marcel Aubut. Il a eu la GRC et les Forces armées canadiennes. Il y a eu les initiations universitaires dénoncées pour leurs activités dégradantes, sur le plan sexuel, envers les femmes. Il y a eu la série d’agressions commises dans les résidences de l’Université Laval. Et il y a cette femme qui a dévoilé ouvertement, mercredi soir dernier, l’agression sexuelle que lui a fait subir un député libéral. Il y a, depuis des lunes, l’inceste, le harcèlement sexuel, l’exploitation sexuelle, les attouchements sexuels, etc.
Dernièrement, les médias sont bondés de discours et de contre-discours sur la culture du viol, cette bête qui fait peur, littéralement. Certain(e)s nous blâment de trop en mettre, d’exagérer, et pensent que la culture du viol, ça n’existe pas, ou du moins, faudrait pas virer folles avec ça et la voir partout, dans tout! Recommençons par la base.
La culture du viol est en effet un ensemble d’attitudes, de pratiques, de croyances qui tolèrent, excusent voire même approuvent le viol et la violence sexuelle. Cette culture est largement alimentée par la pornographie, en l’absence de cours de sexualité à l’école et en l’absence donc de modèles positifs de relations saines, celle-ci qui se trouve à être malheureusement trop souvent le seul exemple qui inspire les jeunes dans leur sexualité.
La culture du viol, c’est banaliser la violence sexuelle, comme si c’était quelque chose d’anodin, de pas si grave, de drôle à la limite… de jeu à mettre dans un rite d’initiation, pourquoi pas?
C’est de minimiser, de déresponsabiliser l’agression… de prendre en pitié celui qui l’a commise parce que ça a brisé sa vie… en oubliant que lui-même a brisé la vie de sa/ses victimes.
Ce sont nos jeunes qui se traitent de salopes et de bitchs entre amies de fille… parce qu’elles s’aiment… et comme si c’était normal!
La culture du viol, c’est de penser et répandre ce mythe selon lequel « il a été blanchit de toutes accusations », en ignorant le fait que s’il est reconnu non-coupable, c’est par manque de preuves, pas parce que l’acte n’est jamais arrivé.
C’est de penser qu’elle l’a cherché parce qu’elle était habillée sexy… en oubliant que le viol, c’est une forme de violence, et que ce n’est pas parce qu’on s’habille sexy qu’on donne le droit aux autres d’être violents à notre endroit.
Ce sont les images hypersexualisées dans les médias, films, vidéos qui servent d’exemples à nos jeunes, qui sont présentées comme la norme selon laquelle les femmes sont toujours disponibles pour répondre aux désirs des hommes et selon laquelle ceux-ci sont encouragés à imposer des gestes, paroles, actes dénigrants voire même violents envers les femmes.
C’est de valoriser la violence par l’humour sous le prétexte que, c’est juste de l’humour, c’est ça la liberté d’expression… en oubliant qu’en riant de ça, on minimise l’impact sur les victimes, la gravité de la problématique qui, on le voit, est très préoccupante !
La culture du viol, c’est notre gouvernement libéral qui nous promet une nouvelle politique en matière d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle depuis 2014… politique qui ne vient toujours pas !!! #tanneesdattendre
C’est tannant de se faire dire qu’on exagère, quand on voit tous les jours, dans notre travail, l’impact de la culture du viol. Ce discours contribue d’ailleurs lui-même à la culture du viol : Revenez-en là… faut pas exagérer! Pourquoi pas à la place… vous avez raison, c’est jamais drôle, c’est pas normal, acceptable, souhaitable la violence sexuelle.
Les agressions sexuelles sont médiatisées de plus en plus. En attendant une stratégie de notre gouvernement, c’est toujours une responsabilité collective de dénoncer et arrêter de banaliser la culture du viol.
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Jade Mathieu
Intervenante sociale
Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuelle (CALACS) Châteauguay
450-699-8258