Plusieurs pensent que le mouvement #metoo, qui a pris une importante attention médiatique et une ampleur mondiale, a fait ses débuts au mois d’octobre 2017, par Alyssa Milano, une actrice américaine de 45 ans. Celle-ci cherchait à donner une voix aux victimes d’agressions à caractère sexuel, suite aux accusations envers Harvey Weinstein, un célèbre producteur de cinéma américain. Cependant, détrompez-vous! Les premiers pas de ce mouvement ont été fait en 2007, par une femme dénommée Tarana Burke. Il faut même préciser que le projet «me too» a mijoté dans l’esprit de Burke pendant presque 10 ans, soit depuis 1996! Le texte suivant fera l’historique du phénomène social #metoo, qui a su mettre la table aux dévoilements d’agressions à caractère sexuel par et ce, à travers le monde.
En 1996, une jeune fille de 13 ans demande à parler à Tarana en privé, puisque celle-ci est directrice de camp de jour. À ce moment, la jeune fille confie à Tarana les agressions sexuelles subies par le copain de sa mère. Tarana est à la fois sous le choc et horrifiée par les paroles de la jeune fille, qui résonnent fortement en elle, puisque Tarana a elle-même été victime d’abus sexuels dans sa jeunesse. Ayant de la difficulté à entendre les confidences de la jeune fille, Tarana la coupe dans ses révélations et la dirige vers une autre intervenante, «qui saura mieux l’aider». Tarana se souvient alors du regard de la jeune fille, qui laissait entrevoir la déception, le rejet et la honte d’avoir dévoilé un secret. À ce moment, Tarana se souvient d’avoir tellement voulu la rassurer en lui disant «moi aussi», mais elle ne trouvait pas la force de prononcer ces mots.
Ensuite, en 2007 Tarana, maintenant une activiste militante, lança une association appelée «Just be inc.» qui avait pour objectif de rassembler et d’aider les femmes victimes de violences sexuelles. Plus précisément, Tarana visait les femmes issues des minorités visibles, qui sont d’autant plus discriminées par le racisme. Le #metoo, était alors un slogan pour que les femmes puissent échanger sur leurs situations d’agressions à caractère sexuel. Autrement dit, cette association visait à ce que les femmes se rendent compte qu’elles n’étaient pas les seules et qu’elles peuvent s’entraider, puisqu’elles sont les seules qui peuvent se comprendre. En d’autres mots, le mouvement «me too» était essentiellement basé sur l’écoute, la bienveillance, le fait de résister aux oppressions et de reprendre le pouvoir d’agir, en se rassemblant.
En octobre 2017, lorsque Alyssa a repris le slogan #metoo, plusieurs ont critiqué le fait que ce mouvement féministe visait uniquement les femmes blanches, puisqu’il a pris son envol en raison d’actrices blanches très connues qui ont brisé le silence. Peu de temps après, Tarana a pris la parole pour rappeler les origines du #metoo, qui avait pour but de rassembler toutes les femmes subissant de la violence sexuelle, en visant davantage les femmes de la diversité souvent oubliées dans les luttes féministes, telles que les femmes de couleur, de d’autres cultures, homosexuelles et plusieurs autres.
Stéphanie
Stagiaire au CALACS