L’image corporelle est un concept très important à l’adolescence, et qui se retrouve souvent jumelé avec l’estime de soi. L’image corporelle, c’est à la fois la perception qu’une personne a de son propre corps, mais également la façon dont nous croyons que les autres nous voient. Cette image de soi peut être satisfaisante, c’est-à-dire que l’on peut être à l’aise dans son corps, se sentir bien et être en harmonie avec lui. En contrepartie, cette image peut être néfaste lorsqu’elle ne nous satisfait pas. Cela peut affecter notre moral et notre estime de soi.
Qu’en est-il des impacts sur l’image de soi d’une adolescente qui a subi une ou des agression(s) à caractère sexuel?
Les études tendent à montrer que les filles, tout au long de leur vie, sont plus insatisfaites de leur corps en comparaison à leurs homologues masculins. Cela s’explique par la pression sociale qui est imposée aux filles à partir d’un très jeune âge. La société tend à favoriser une éducation où les jeunes filles se doivent de correspondre aux nombreux stéréotypes de genre/sexuels (par exemple, se montrer gentille et polie, se maquiller, se raser, etc.). De plus, une importance excessive est accordée à la minceur chez les jeunes femmes, ce qui peut mener certaines adolescentes à développer un trouble alimentaire. Les agressions à caractère sexuel peuvent elles aussi engendrer des troubles alimentaires, au sens où cela peut donner à la victime l’impression de reprendre le contrôle sur son propre corps.
Lorsque ces deux facteurs, agressions sexuelles et troubles alimentaires, s’imbriquent ensemble, cela peut engendrer des effets drastiques et néfastes chez les survivantes. Parmi les nombreuses conséquences des agressions à caractère sexuel, on retrouve les troubles alimentaires, tels que l’anorexie et la boulimie, ainsi que l’automutilation. Une mauvaise image de son corps qui résulte d’une agression à caractère sexuel peut avoir un effet boule-de-neige sur les conséquences énumérées ci-haut. Par exemple, développer un trouble alimentaire suite à une agression, et voir son corps changer tout en restant porteur des cicatrices et des mauvais souvenirs de l’agression peut entraîner une détérioration de l’image de soi. En fait, plus l’adolescente s’éloigne de l’image idéale véhiculée par la société et par ses pairs, plus elle peut se renforcer dans ses comportements alimentaires problématiques, et plus les conséquences psychologiques (par exemple, un fort sentiment de tristesse) peuvent devenir importantes. Le sentiment d’isolement peut aussi être amplifié : « je me sens isolé à cause de mon vécu et mon corps en est un messager bien visible pour les autres ».
Cela peut amener la jeune à vivre une grande souffrance qui peut être invisible à l’œil s’il n’y a pas la présence de signes physiques (par exemple, des cicatrices d’automutilation ou une perte de poids importante en lien avec un trouble alimentaire). Parfois, certains signes physiques sont présents, mais peuvent être très bien dissimulés par la survivante puisqu’il n’est pas facile de s’exposer aux autres. Effectivement, l’agression peut avoir engendré une difficulté à faire confiance à l’autre et lorsque l’image de soi est négative, cela peut engendrer aussi une difficulté à s’affirmer, à se confier et à rechercher du soutien auprès de ses pairs. L’ensemble de ces facteurs peut amener d’importantes conséquences chez les adolescentes survivantes. Néanmoins, la souffrance intériorisée est toute aussi présente et réelle que celle qui demeure visible. En ce sens, soyons sensibles, attentifs et respectueux auprès de nos jeunes!
Pénélope Aubé, stagiaire