Mythes et réalités
Il existe de nombreux mythes sur la violence à caractère sexuel qui influencent notre perception des survivant-e-s, des agresseur-e-s, des proches et du grand public. Ces mythes qui perpétuent la culture du viol sont omniprésents dans les médias, les publicités, la télévision, le cinéma, les jeux vidéo, Internet, etc.
LE MYTHE
Seules les personnes vulnérables peuvent subir des agressions sexuelles.
LA RÉALITÉ
Bien que les enfants et adolescent-e-s soient plus représenté-e-s parmi les victimes de violence sexuelle, la violence sexuelle n’épargne personne. Y compris les aîné-e-s.
Pareillement, les femmes sont les principales victimes, mais des hommes comptent parmi les victimes et les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont plus à risque de subir de la violence à caractère sexuel que les personnes cisgenre hétérosexuelles.
On observe également une plus grande proportion de victimes de violence sexuelle chez les personnes ayant un trouble de santé mentale ou une déficience intellectuelle, les femmes en situation de handicap physique ou sensoriel, les personnes échangeant des services sexuels contre rémunération, les personnes itinérantes, les personnes autochtones et les personnes racisées.
LE MYTHE
Ce n’est pas de la violence sexuelle s’il n’y a pas eu de pénétration.
LA RÉALITÉ
Tout contact sexuel non désiré est considéré comme de la violence sexuelle. Beaucoup de ses formes ne comportent aucun contact physique comme le harcèlement criminel et la diffusion d’enregistrements vidéo intimes. Tous ces actes sont graves et peuvent être traumatisants.
LE MYTHE
C’était mon conjoint. Ce n’était pas vraiment une agression sexuelle.
LA RÉALITÉ
Quelle que soit la nature de la relation entre les deux personnes ou qu’il y ait eu expression de consentement dans le passé, le ou la partenaire qui prend l’initiative de l’activité sexuelle a le devoir de s’assurer que l’autre personne y consent chaque fois.
Le consentement sexuel est un accord clair et enthousiaste qu’une personne donne par elle-même au moment de participer à une activité sexuelle. On peut retirer son consentement en tout temps.
LE MYTHE
Ce n’est pas de la violence sexuelle si ce n’est pas signalé à la police.
LA RÉALITÉ
Ce n’est pas parce qu’une personne ne signale pas l’agression que cette agression n’a pas eu lieu. Moins d’une survivante sur dix signale son agression à la police.
LE MYTHE
Quand une personne dit « non », elle veut souvent dire « oui ».
LA RÉALITÉ
Quand une personne dit « non », cela veut dire « non ». En ignorant son refus ou en choisissant de ne pas comprendre, l’agresseur ne respecte pas sa décision. Sans un consentement mutuel, c’est une agression sexuelle.
LE MYTHE
Ce n’est pas grave d’avoir une relation sexuelle avec une personne qui a bu, est sous l’influence des drogues ou est inconsciente.
LA RÉALITÉ
Si la personne est inconsciente ou incapable de donner son consentement parce qu’elle est sous l’influence de drogues ou d’alcool, elle ne peut donner un consentement légal. Sans consentement, c’est une agression sexuelle.
LE MYTHE
Ce n’est pas de la violence sexuelle si la personne ne semble pas blessée physiquement (coupures ou ecchy-moses).
LA RÉALITÉ
L’absence de blessure physique ne signifie pas pour autant que la personne n’est pas survivante de violence sexuelle. Un agresseur peut user de menaces, d’armes ou d’autres mesures coercitives qui ne laissent pas de marques évidentes. Elle peut avoir perdu connaissance ou a été rendue inapte.
LE MYTHE
Elle avait l’air bien calme. On ne dirait pas qu’elle a été agressée sexuellement.
LA RÉALITÉ
Chaque personne est unique et réagit à sa façon. La réaction peut dépendre du contexte de la violence sexuelle, des réactions de l’entourage au moment du dévoilement et des ressources personnelles de la personne qui a subi la violence.
Le calme apparent d’une victime amène parfois son entourage à douter de la violence sexuelle qu’elle a subie, car on croit souvent à tort que les victimes doivent être en état de colère ou de panique. Pourtant, demeurer calme est une réaction fréquente quand on se sent en danger ou pour gérer une situation troublante.
LE MYTHE
Ce n’est pas de la violence sexuelle grave si la personne ne pleure pas ou n’est pas visiblement troublée.
LA RÉALITÉ
Chaque personne réagit différemment. Elle peut pleurer ou être calme, silencieuse ou très en colère. Son comportement ne reflète pas nécessairement le traumatisme qu’elle a vécu.
LE MYTHE
Les victimes sont parfois responsables de la violence sexuelle qu’elles ont vécue.
LA RÉALITÉ
Jamais personne ne demande à subir de la violence sexuelle.
Quand on est adulte :
Faire de l’autostop, sortir tard le soir, consommer de l’alcool ou des drogues, s’habiller d’une manière séduisante, vouloir établir une relation avec un individu ou l’accompagner à son domicile : aucun des comportements ne peut être considéré comme une provocation.
Quand on est enfant :
L’expression de comportements sexuels adultes chez un enfant peut indiquer que l’enfant a été victime de violence sexuelle et ne peut aucunement justifier la violence sexuelle qu’il a subie.
LE MYTHE
Les filles et les femmes qui sont agressées sexuellement « l’ont bien cherché » par la façon dont elles s’habillent ou par leur comportement.
LA RÉALITÉ
L’argument que les femmes « l’ont bien cherché » est souvent utilisé par les agresseurs pour justifier leur comportement. C’est une façon de faire porter la responsabilité du crime à la victime et non à l’agresseur.
Toutes les femmes peuvent être agressées sexuellement dans quasiment n’importe quelle situation, et ce, quels que soient leur âge et leur type physique. Si une femme est victime d’agression sexuelle, ce n’est pas de sa faute. Le seul responsable c’est l’agresseur. Aucune femme ne « cherche » à être agressée sexuellement ni ne le mérite. Quels que soient les vêtements qu’elle porte et l’endroit où elle va, et quel que soit la personne avec qui elle parle, quand elle dit « non, c’est non ». C’est la loi.
LE MTYHE
Les personnes qui éprouvent de l’excitation sexuelle et même un orgasme durant l’agression sont consentantes puisqu’elles ont ressenti du plaisir.
LA RÉALITÉ
Il est possible pour une personne d’avoir une réaction physique à la suite d’une stimulation sexuelle, même dans une situation d’agression sexuelle. Peu importe la stimulation sexuelle et ce que la personne a ressenti, cela ne signifie pas qu’elle était consentante au moment de l’agression. À cause de ce préjugé, la victime peut ressentir de la culpabilité et de la confusion.
LE MYTHE
Les femmes mentent et inventent des histoires d’agression sexuelle.
LA RÉALITÉ
Le nombre de fausses déclarations d’agressions sexuelles, peu élevé, correspond au nombre de fausses déclarations d’autres crimes au Canada. L’agression sexuelle porte de tels stigmates que de nombreuses femmes préfèrent ne pas la déclarer.
LE MYTHE
Si la violence sexuelle avait réellement eu lieu, la personne pourrait facilement se souvenir de tous les faits dans l’ordre approprié.
LA RÉALITÉ
Le choc, la peur, la honte et la détresse peuvent altérer la mémoire. Beaucoup de survivants et survivantes tentent de minimiser ou d’oublier les détails de l’agression pour surmonter leur traumatisme. Les pertes de mémoire sont courantes en cas de consommation d’alcool ou de drogues.
LE MYTHE
Il suffit d’en parler pour se sortir d’une situation d’exploitation sexuelle.
LA RÉALITÉ
Les proxénètes emploient toutes sortes de moyens de pression pour garder l’emprise sur une victime comme la manipulation, le chantage et la violence. Par ailleurs, les victimes craignent parfois les représailles des autorités ou de leur entourage. Il se peut aussi qu’elles ne connaissent pas leurs droits ou l’existence de ressources aidantes.
LE MYTHE
Les agresseurs sont tellement excités sexuellement qu’ils ne peuvent se retenir.
LA RÉALITÉ
Une agression à caractère sexuel, c’est d’abord et avant tout de la violence et non du désir. Il s’agit d’une prise de pouvoir sur une autre personne et non de l’attirance ou une perte de contrôle. Les agresseurs ne possèdent aucune limitation physiologique qui les oblige à avoir des relations sexuelles ou qui les empêche de s’arrêter. Chaque personne a le contrôle sur son propre corps.
LE MYTHE
La personne qui commet l’acte de violence sexuelle est généralement inconnue de la victime.
LA RÉALITÉ
Que la victime soit adulte ou mineure, elle connaît souvent la personne qui commet l’acte de violence. C’est le cas dans 82% des agressions dénoncées à la police (référence Statistique Canada).
La personne responsable de la violence sexuelle profiterait de la relation de confiance ou d’autorité qu’elle entretient avec la victime. Il peut s’agir d’un conjoint ou d’un parent, mais aussi d’un-e professionnel-le de confiance (thérapeute, médecin, psychiatre, entraîneur-euse ou professeur-e.)
LE MYTHE
Le harcèlement sexuel, les histoires sentimentales de bureau et le flirt, c’est la même chose.
LA RÉALITÉ
La différence entre le flirt et le harcèlement sexuel c’est le consentement. Le flirt est mutuel et voulu alors que le harcèlement sexuel ne l’est pas. Le harcèlement sexuel se produit lorsqu’il y a absence de consentement de la part de la personne ciblée.
LE MYTHE
Les agresseurs sexuels ont tous des problèmes de santé mentale.
LA RÉALITÉ
L’auteur présumé d’une agression sexuelle est, la majorité du temps, un membre de la famille ou une connaissance ayant une bonne santé mentale.
LE MYTHE
Les hommes qui agressent sexuellement les garçons, les adolescents et les hommes sont tous des homosexuels.
LA RÉALITÉ
Il existe des agresseurs sexuels qui ont des préférences quant au sexe et à l’âge de leurs victimes. La majorité des hommes qui agressent sexuellement des hommes sont d’orientation hétérosexuelle.
LE MYTHE
Dans la majorité des cas, les personnes qui agressent ont elles-mêmes été agressées dans leur enfance.
LA RÉALITÉ
On ne peut pas dire que le fait d’avoir été agressé explique ou excuse qu’une personne agresse sexuellement une autre personne. Les victimes d’agression à caractère sexuel sont généralement des femmes, et pourtant, la majorité des agresseurs sont des hommes. La majorité des agresseurs sexuels n’ont jamais vécu d’agression et la majorité des hommes victimes de violence sexuelle n’agresseront jamais à leur tour. Agresser sexuellement une autre personne est un choix que l’agresseur fait et non une conséquence incontrôlable de son passé.
LE MYTHE
Les hommes de certaines races et de certains milieux sont plus souvent coupables d’agression sexuelle.
LA RÉALITÉ
Les agresseurs sexuels sont de tous les âges et viennent de tous les groupes économiques, ethniques, raciaux et sociaux. La croyance que les femmes sont plus souvent agressées sexuellement par des hommes de couleur ou des hommes de la classe ouvrière est un stéréotype fondé sur le racisme et les préjugés de classe.
L’agresseur sexuel peut être un membre de la famille, le conjoint, un ami, une connaissance, un professionnel (médecins, avocats, etc.) un enseignant, un employeur, un collègue, etc.
LE MYTHE
Il est facile de reconnaître un agresseur quand on en rencontre un.
LA RÉALITÉ
Contrairement à ce qu’on peut penser, les agresseurs ne sont pas des personnes aux comportement bizarres ou à l’allure louche. Les agresseurs sont bien souvent « monsieur tout le monde », c’est-à-dire une personne qu’on connaît, en qui on a confiance et qu’on aime. Par exemple : le père, un oncle, un cousin, un chum, un entraîneur, un voisin, un ami de la famille, une personne rencontrée dans un party, etc.
LE MYTHE
Un garçon agressé par un homme deviendra gai.
LA RÉALITÉ
L’homophobie renforce le silence des hommes et des garçons parce qu’ils craignent d’autant plus de représailles s’ils dévoilent qu’ils ont subi de la violence à caractère sexuel de la part d’un homme. L’identité sexuelle ou de genre d’un garçon victime ne sera pas déterminée par le fait d’avoir subi de la violence sexuelle de la part d’un homme.
LE MYTHE
Il est tellement gentil. Je ne peux pas croire qu’il ait commis une agression sexuelle.
LA RÉALITÉ
La plupart du temps, la personne qui commet l’agression sexuelle est bien intégrée dans la société., Il peut même s’agir d’un être charmant et bien connu dans sa communauté.
Bien que les personnes ayant un comportement sexuel délinquant soient plus susceptibles de présenter un ensemble de difficultés personnelles et relationnelles qui incluent des problèmes de santé mentale comme la dépression, un problème d’anxiété ou un trouble de personnalité, la majorité d’entre elles fonctionnent normalement en société.
LE MYTHE
Le problème des agressions sexuelles a des conséquences uniquement sur la vie des victimes.
LA RÉALITÉ
La violence sexuelle présente dans notre société entraîne des conséquences sur chacune et chacun de nous, peu importe notre sexe ou si nous avons vécu ou non une agression sexuelle. En effet, la peur, l’insécurité, la difficulté à faire confiance aux autres en sont toutes des manifestations. De plus, le problème de la violence sexuelle a aussi de grands impacts sociaux, car il menace la santé, les droits et la sécurité des femmes, c’est-à-dire d’au moins la moitié des membres de notre société. Les agressions à caractère sexuel impliquent qu’il nous faut sans cesse investir du temps, des ressources et de l’argent pour essayer de réparer les torts faits par les agresseurs.
LE MYTHE
Une façon de faire cesser la violence sexuelle c’est de l’ignorer.
LA RÉALITÉ
En ignorant la violence sexuelle, on provoque l’effet contraire, ce qui pourrait amener l’individu à perpétuer la violence sexuelle, réalisant rapidement l’état de vulnérabilité de la personne cible.
LE MYTHE
La violence sexuelle est un gros problème et je ne peux rien y changer.
LA RÉALITÉ
Nous avons bien plus de pouvoir que nous le croyons sur ce problème ! La violence sexuelle est un problème social et nous sommes toutes et tous des membres de notre société. Nous pouvons tout d’abord changer de petites choses autour de nous pour nous créer un environnement pacifique et respectueux. De plus, nous avons le pouvoir d’affirmer nos options et de nous regrouper pour engendrer des changements plus importants.
LE MYTHE
Après avoir vécu une agression à caractère sexuel, il est impossible de s’en sortir, de vivre une vie satisfaisante et de se sentir bien à nouveau.
LA RÉALITÉ
Les personnes qui vivent une agression à caractère sexuel traversent une des épreuves les plus difficiles…, mais pas insurmontable. Ces personnes font preuve de beaucoup de force et de courage. Une agression à caractère sexuel n’empêche pas la personne de continuer à vivre et ne lui enlève rien de ses forces et de ses ressources même si souvent elle-il a l’impression que quelque chose s’est brisé en elle. Avec l’aide, le soutien et le respect des gens qui l’aiment et qui l’entourent, elle retrouvera son énergie et son bien-être.
Sources : | Université d’Ottawa |
Info-Aide Violence Sexuelle | |
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