Depuis très longtemps déjà, la société envoie le message aux femmes qu’elles sont faites pour enfanter et que la grossesse est un évènement qui les comblera de bonheur. Ce mythe bien répandu peut laisser un sentiment amer de culpabilité aux femmes qui vivent la grossesse de façon plutôt ambivalente ou même de façon désagréable. Pour les survivantes d’agression à caractère sexuel, ce mythe peut être extrêmement culpabilisant.
Selon certaines études, les survivantes d’agression à caractère sexuel pourraient trouver difficile de vivre une grossesse malgré le fait qu’elles l’aient désiré. Plusieurs peurs peuvent être à l’origine de ce vécu. D’abord, il n’est pas rare que les survivantes trouvent les modifications corporelles insupportables et les mouvements du bébé pénibles. Cela peut s’expliquer par le fait que lors de l’agression sexuelle, la victime perd le contrôle sur son corps. Suite à cela, elle devra faire preuve de beaucoup de persévérance pour se le réapproprier. Le fait de devoir le « partager » peut alors sembler intolérable.
L’accouchement peut également faire peur à de nombreuses survivantes. Le fait de devoir donner naissance par voie vaginale peut pour certaines, raviver des souvenirs douloureux et susciter certains flashbacks. Il est donc conseillé d’avoir une discussion à ce sujet avec la sage-femme ou le gynécologue afin de diminuer les risques de reviviscence et de nouveaux traumatismes.
Suite à la naissance de l’enfant, il est possible de ressentir de nombreuses angoisses comme la peur d’abuser l’enfant, la peur de ne pas savoir le protéger et la peur de le surprotéger. Il est également possible que l’établissement de limites et de barrières saines soit difficile. Il en est de même en ce qui concerne le développement de l’estime de soi de l’enfant. La mère peut aussi tenter d’éviter son enfant en raison des nombreuses peurs qui peuvent l’envahir.
Avec les années et les enfants qui vieillissent, certaines femmes vivent un inconfort avec le fait que leur enfant approche l’âge qu’elles avaient lorsqu’elles ont subi l’abus sexuel. D’autres ont peur de la proximité physique avec leur enfant n’étant pas certaine de la limite entre les comportements adéquats et inadéquats, ce qui affecte leur capacité à se sentir connecté à leur enfant.
Chacune de ses réactions est compréhensible lorsqu’on vit un traumatisme comme l’agression à caractère sexuel. Le soutien de l’entourage est primordial dans de tels cas. Aller chercher de l’aide est important et pourrait permettre à la maman de comprendre ses réactions, de les apprivoiser et de trouver les solutions nécessaires afin de s’épanouir dans son rôle de mère. Cela pourrait également permettre de briser le silence, de reprendre du pouvoir et du contrôle sur sa vie et sur son corps.
Cynthia-Ann, stagiaire en sexologie