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Vous avez bien lu chères lectrices; orgaste. Dans la société dans laquelle nous vivons, la sexualité est très présente. De façon plus ou moins bien camouflées, des pratiques sexuelles, des réactions idéales en matière de sexualité et toutes sortes d’idées préconçues nous sont présentées comme des normes et des idéaux à atteindre. Malheureusement, nous, les femmes, sommes particulièrement exposées à cela. Un des mythes les plus répandus et ayant de grandes conséquences est celui que toutes relations sexuelles provoquent du plaisir. Peu importe la nature de la relation sexuelle, la femme ressentira du plaisir et pourra peut-être même parvenir à l’orgasme. Et bien non!

Cela peut être très culpabilisant pour une femme qui a vécu une agression à caractère sexuel d’être exposée à de tels préjugés de la part de ces proches, des intervenant(e)s, etc. Dans certains cas d’agression à caractère sexuel, la victime peut avoir ressenti à travers son corps des sensations s’apparentant au plaisir et même à l’orgasme. Cela ne veut pas dire, même loin de là, qu’elle a apprécié ce qu’elle a vécu. Les conséquences chez les victimes d’agressions à caractère sexuel sont graves. Il est important de tracer une ligne entre le plaisir sexuel intimement lié à l’orgasme; ce plaisir qui se veut ultime où le corps, le cœur et la tête s’accordent, et qui est différent de l’orgaste; uniquement physique, en réaction à des stimulations.

Cela m’amène à introduire le terme de l’orgaste. Ce terme vient de l’approche sexocorporelle. Cette approche a été créée il y a environ trente ans par Yves Desjardins (1931-2011), professeur et clinicien à l’Université du Québec à Montréal. Cette dernière est utilisée auprès de plusieurs clientèles ayant des problématiques différentes les unes des autres puisqu’elle vise à amener à la pleine conscience les émotions ressenties dans le corps pendant les activités sexuelles, le lien entre le corps et la circulation de l’excitation sexuelle.

Ainsi, cette approche affirme qu’il existe de grandes différences entre avoir un orgasme et le phénomène d’orgaste. Lorsqu’il est question d’orgaste, cela fait référence à une sensation ressentie dans le corps. C’est le processus physiologique du corps. Par exemple, une zone érogène qui est stimulée (le clitoris, le vagin, etc.) va créer de la tension dans le corps au niveau des muscles, des nerfs, etc. Suite à ces stimulations prolongées, il est possible que la femme ressente une décharge dans son corps suite à la libération d’hormones et des tensions éprouvées. Cela s’observe physiquement par la rétraction du clitoris, les contractions rythmiques du vagin, l’éjaculation féminine, etc. Ainsi, l’orgaste fait uniquement référence à la décharge physique. Il n’est en aucun moment question d’émotions ressenties lors de la décharge physique. L’orgaste n’est qu’une réaction physiologique qui n’évoque en rien le plaisir ou le fait « d’aimer ça ». Il est normal que lorsqu’il y a stimulation, le corps réponde en envoyant des messages aux organes afin qu’ils réagissent (ex. : les contractions du vagin). Il est important de souligner que ce principe vient répondre aux détracteurs et aux préjugés exprimés ci-haut : ce n’est pas parce qu’il y a une réponse physique du corps qu’une femme éprouve du plaisir.

En opposition, l’orgasme est une addition des réactions physiques au niveau du vagin, du clitoris, etc., des émotions et des pensées agréables faisant en sortent que la femme les vivant ressent du plaisir. Dans le cas de l’orgasme, le vrai, il vient au bout d’une phase d’excitation sexuelle. Cette excitation se déploie à travers, les caresses, les baisés, les préliminaires, etc. entre des partenaires consentants, se respectant et se considérant dans leur intégrité respective. La femme ressentira du plaisir dans son corps et appréciera les diverses stimulations faites par son ou sa partenaire. L’excitation est comparable à un feu d’artifice : d’abord des petites étincelles qui se déploient et culminent en un beau et grand feu d’artifice. C’est une expérience qui est agréable pour le corps, qui amène des pensées plaisantes (ex. : univers fantasmatique) et qui engendre des émotions positives.

Cette distinction entre l’orgaste et l’orgasme peut être aidant autant pour une femme ayant vécu une agression à caractère sexuel que pour n’importe quelle femme éprouvant des difficultés en lien avec sa sexualité. Dans le premier cas, cela peut rationaliser certaines sensations éprouvées au niveau du corps qui sont normales. Cela peut aussi aider à faire face à certains préjugés que notre famille, nos amis, notre société nous envoient.

Dans le second cas, il peut être aidant de se questionner; comment est-ce que je vis ma sexualité? Quels éléments me permettent d’arriver à l’orgasme? Ai-je déjà ressenti un orgasme ou seulement l’orgaste? Qu’est-ce qui fait que je me sens bien dans mes relations sexuelles? Et j’en passe! Pour s’épanouir dans sa sexualité, il n’est pas nécessaire pour toutes les femmes d’atteindre l’orgasme et c’est normal. Chaque femme est différente et nous avons toutes nos façons de vivre du plaisir dans notre sexualité. Par contre, lorsque nous vivons des difficultés ou des désagréments dans notre sexualité en général, avec un ou une partenaire en particulier, etc. se questionner peut être aidant. Cela peut nous amener vers de nouvelles pistes de solutions afin d’arriver à un bien-être sexuel, à un équilibre personnel satisfaisant selon nos propres critères.

Pénélope, stagiaire en sexologie