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Dans la tôlé des malheureux événements mondiaux en lien avec la Covid-19, il peut sembler très difficile de trouver du positif. Il y a, par contre, un événement très inspirant qui a fait beaucoup parler sur le plan international. En date du 9 mars dernier, des milliers de femmes se sont mobilisées afin de militer dans les rues de Mexico. Le but de ce grand mouvement national était de faire prendre conscience au gouvernement, son inaction face au grand féminicide dont sont victimes les femmes mexicaines depuis beaucoup trop longtemps.

Lorsqu’on s’attarde à la situation de ces femmes, il est impressionnant de constater le nombre imposant d’inégalités entre ces dernières et leurs homologues masculins. Toutes ses inégalités sexistes s’opèrent dans plusieurs sphères de vie : travail, économie, marchandisation des femmes et, ultimement, un imposant féminicide. Dans la dernière année, plusieurs mouvements féministes mexicains avaient souligné le grand nombre de femmes et de jeunes filles victimes de violence sexuelle par les policiers. Ainsi, le #NoMeCuidanMeViolan (#IlsNeMeProtègentPasIlsMeViolent) est né. Ce mouvement a progressivement évolué. Maintenant, il n’est plus question de dénoncer uniquement les violences sexuelles perpétuées par les autorités mais aussi les meurtres beaucoup trop nombreux des femmes au Mexique.

Seulement en 2019, les autorités mexicaines ont affirmé qu’un total de 1006 femmes avaient été assassinées dans le pays. Il est question de 2.8 femmes par jour qui seraient tuées. Par contre, d’autres sources affirment que les données seraient grandement faussées par les autorités elles-mêmes. Il serait plutôt de 10.5 femmes assassinées chaque jour pour un grand total de 3825 pour l’année 2019. Même si on se fie au chiffre erroné rendu public par le gouvernement mexicain, il est question d’une augmentation de 136 % des assassinats de femmes au Mexique entre 2016 et 2019.

Devant ce nombre important et surtout grandissant, plusieurs femmes se sont indignées face à la situation. Plusieurs mouvements militants se sont mis en branle, soulignant ainsi toutes les injustices dont ces femmes sont victimes au quotidien. Voir leurs mères, leurs sœurs, leurs amies, leurs amoureuses être agressées physiquement, sexuellement, être victimes de violences inouïes, être assassinées sans que la société et les autorités n’aient de réelles réactions, telles sont est leurs réalités. Ces femmes craignent chaque jour pour leurs proches et pour leur propre sécurité.

Un événement particulier a déclenché une vague de manifestations féministes en lien avec les différents mouvements de militantisme. Le meurtre complètement sordide d’une jeune femme de 25 ans, Ingrid Escamilla, assassinée par son copain. L’affreux assassinat n’a que donné plus de poids aux constats des féministes mexicaines et à leurs revendications. Suite à ces événements, l’ONU a condamné l’assassinat de la jeune femme ainsi que la situation vécue par les femmes au Mexique. Tout ce bouillonnement féminin collectif a culminé par la grande manifestation du 9 mars, faisant suite à la journée internationale des femmes. Le mouvement militantisme féministe « Un dia sin nosotras », Une journée sans nous les femmes, a alors pris forme. Ces femmes furent soutenues par le gouvernement mexicain lui-même et l’église.

Ainsi, un grand appel fut lancé aux femmes qui ont répondu en grand nombre. Elles ont été des milliers à ne pas se présenter au travail, à l’école et dans leurs différents milieux de vie afin d’aller militer dans les rues. Cette absence avait aussi pour but de faire réaliser le vide créé par le manque de chacune d’entre elles, le vide que les meurtres des 3825 femmes assassinées en 2019 ont créé pour leurs proches.

Malgré les circonstances condamnables ayant mené à cette grande manifestation, cela est particulièrement inspirant. Un groupe de femmes, uni par des injustices attentatoires, qui se mobilisent afin de faire valoir leur importance, leur statut de femme et faire prendre conscience à tout leur pays de leur importance et de leurs droits.

Cela fait aussi prendre conscience de toute la chance que nous avons en tant que femme vivant au Québec. Nous avons de nombreux privilèges et gains qui nous permettent d’avoir une vie pouvant être considérée comme plus sécuritaire en comparaison aux femmes mexicaines. Bien sûr, il existe toujours des dangers, des insécurités et des inégalités devant lesquelles nous nous devons de nous indigner et de nous mobiliser. Il peut nous être très inspirant de regarder ce que nos comparses du sud sont en train d’accomplir afin de livrer nos propres combats, avec nos propres revendications. Car peu importe notre provenance, nous sommes toutes femmes. Certes nous vivons des réalités différentes, mais nous méritons toutes du respect et de la considération.

Pénélope, stagiaire en sexologie