J’ai connu autrefois une femme admirable,
Un vague souvenir éteint à tout jamais.
Parfois en rêve ou en réalité, qui sait,
Je la sens près de moi, concrète, abominable.
Dans la mer agitée que la nuit lui réserve,
Elle ignore la vague et nage à volonté.
Elle fonce en avant malgré un lourd passé
En encourageant ceux que la tempête énerve.
L’odyssée se poursuit, la victoire arrimée,
Et mon amie se sent heureuse, épanouie.
Elle aimait déguster cette enivrante pluie
Qui s’abattrait sur elle et la ferait sombrer.
Engloutie par les flots poivrés de l’océan,
Avalant goulûment des liqueurs éthérées,
Elle appelle au secours, perdure, désespérée ;
Bien que moi je la vois, personne ne l’entend.
Elle respire encore, mince consolation.
Le rappel s’évapore, étrangement confus,
De cette amie que je ne reconnaissais plus
Dont je porte pourtant, depuis toujours, le nom.
Manon Huot