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En tant que personne aidante… que dois-je savoir ?

Une femme de votre entourage a été victime de violence sexuelle récemment ou par le passé ? Sachez qu’une agression sexuelle constitue un événement traumatique grave qui porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique de la personne. Des souvenirs douloureux peuvent refaire surface à tout instant, des jours, des mois voire des années après. Le soutien des membres de la famille, des proches, des ami-e-s et des intervenant-e-s joue un rôle important dans le processus de rétablissement d’une victime d’agression sexuelle.

«En parler et aller chercher de l’aide peut aider une victime.»

Il faut savoir que l’agression sexuelle est souvent vécue par la victime comme une trahison de sa confiance, surtout si la personne qui l’a agressée ou qui lui a infligé de la violence était quelqu’un qu’elle connaissait, qu’elle aimait et avec qui elle se sentait proche. Une femme qui a vécu une agression sexuelle doit pouvoir faire confiance aux gens à qui elle se confie. Elle a été suffisamment trahie et non respectée sans que s’ajoutent à la liste d’autres personnes qui ne la respectent pas.

Dans plusieurs cas, la victime n’attend qu’une chose pour s’ouvrir : que quelqu’un lui tende la main. Il peut aussi arriver qu’elle-même décide d’en parler à une personne en qui elle a confiance. Une fois le silence et l’isolement brisés, elle commence à voir la possibilité de s’en sortir. Les réactions de l’entourage revêtent une grande importance pour elle.

Être confronté-e au vécu traumatique d’une personne ayant été victime d’une agression sexuelle peut aussi s’avérer difficile à gérer émotionnellement.

 

Vous devez savoir qu’en tant que personne aidante, vous pouvez vous sentir :

Troublée, choquée, dégoûtée, dévastée, inadéquate, impuissante, coupable de ne pas supporter suffisamment l’autre, coupable de remettre en cause votre engagement de personne aidante, coupable de n’avoir pas pu éviter ce qui lui est arrivé, frustrée devant le temps que prend la guérison, menacée, coincée, attaquée, blâmée, stressée, confuse, désespérée, désemparée, dérangée par les souvenirs de votre propre histoire familiale qui peuvent ressurgir, etc.

Certaines choses peuvent être difficiles à entendre pour vous. Ceci est légitime. Vous allez peut-être ressentir de la compassion ou du chagrin pour la souffrance qu’elle vit.

Être dans la confidence d’un tel événement n’est pas facile à assumer seul-e. Si vous ressentez le besoin de parler, n’hésitez pas à prendre contact avec une ressource venant en aide aux victimes d’agression sexuelle. Généralement, elles reçoivent aussi les membres de l’entourage. N’oubliez pas qu’il est également important que vous preniez soin de vous.

 

Si certains de vos comportements peuvent être aidants pour la victime d’agression sexuelle d’autres peuvent être nuisibles. Voici une liste des éléments les plus importants dans votre rôle d’aidant :

 

Écoutez

Écoutez ce que la victime a à dire sans porter de jugement. Ayez un non verbal «écoutant» : bon contact des yeux, posture ouverte, etc. Laissez-la s’exprimer dans ses mots, à sa façon, à son rythme. Les victimes peuvent avoir besoin de répéter leur histoire plus d’une fois avant de se sentir délivrées. Si l’agresseur était un parent, la victime peut éprouver de l’amour pour lui en même temps que de la colère. Elle doit pouvoir se faire elle-même une opinion sans que vous tentiez de l’influencer. En toutes circonstances, faites preuve de patience.

 

Croyez

Croyez ce que la victime vous dit. Ne banalisez pas l’importance de l’agression dont elle a été victime, même si la réalité n’est pas belle à voir et à entendre. C’est son vécu et sa perception. Vous devez vous centrer sur ce qu’elle dit et vit.

 
Recevez

Recevez ce que la victime dit sans minimiser ni amplifier les faits, les émotions ou les conséquences. Si vous ne prenez pas au sérieux ses sentiments, vous ne l’aiderez pas. Essayez de rester le plus calme possible.

 
Déculpabilisez-la

Faites comprendre à la victime que ce n’est pas de sa faute si elle a subi une agression sexuelle. L’agresseur est entièrement responsable de ses actes. Rappelez-vous que l’agression sexuelle est inacceptable et criminelle. Sa responsabilité à elle, c’est de prendre soin d’elle.

 
Validez ses émotions

Aidez la victime à exprimer ce qu’elle ressent en normalisant ses réactions, ses émotions et ses sentiments (colère, rancoeur, culpabilité, baisse de l’estime de soi). Rassurez-la.

 
Soyez supportant-e
«Être victime, c’est subir. On ne peut pas oublier d’avoir été agressée, mais on peut vivre sans que le souvenir prenne toute la place dans nos choix de vie.»

Montrez-vous disponible soit pour en parler ou soit pour accompagner la victime. Si vous vous sentez incapable d’être soutenant-e, il est important de lui dire et de l’aider à trouver une autre personne qui sera en mesure de le faire. Centrez vos interventions sur la victime, occupez-vous de sa protection, évitez de réagir trop fortement, car cela pourrait nuire et amener la victime à se taire. Soyez respectueux-se devant son ambivalence.

Vous devez apporter du soutien dans la façon dont la victime entend régler ses problèmes. N’essayez pas de la diriger dans ce qu’elle fait; elle pourrait avoir l’impression que vous essayez de contrôler sa vie. C’est à elle de décider si elle va s’adresser à un service d’aide, se joindre à un groupe de soutien ou entamer des poursuites contre l’agresseur. Votre tâche consiste à l’appuyer dans ces importantes décisions et l’accompagner, s’il y a lieu, dans ses démarches médicales, psychosociales et judiciaires.

 
Encouragez ses forces

Valorisez les «bons coups»de la victime. Soulignez ses forces et son courage d’en parler. Rehaussez son estime de soi en faisant ressortir ses qualités, en lui donnant l’occasion de vivre des choses positives, des succès et des réussites.

 
Évitez la prise en charge

Vous pourriez avoir tendance à prendre en charge la personne qui a été agressée parce qu’elle a beaucoup souffert, parce que vous la croyez fragile et vulnérable. La prise en charge est néfaste. Elle encourage la victimisation et décourage l’autonomie. La victime doit apprendre à croire à son potentiel et à prendre soin d’elle. Elle doit comprendre que d’avoir été agressée et d’être souffrante ne lui donne pas tous les droits et ne l’a pas amputée de toutes ses ressources. Elle doit apprendre à mettre ses limites et à respecter celles des autres, elle doit apprendre à se voir comme une combattante, une survivante et non comme une victime.

 
Favorisez son autonomie

Tout en étant présent-e, aidez la victime à reprendre du pouvoir sur sa vie. Encouragez-la à prendre des décisions et à reprendre son niveau de fonctionnement habituel.

 
Respectez la confidentialité
«Il est possible que la victime ait d’autres besoins, soyez attentif-ve ! Votre accueil, votre écoute et votre aide peuvent faire une différence.»

Il a certainement été difficile pour la victime d’en parler. Le fait qu’elle vous a choisi-e est une grande preuve de confiance, ne la décevez pas… respectez la confidentialité.

En tant que personne aidante, certaines situations peuvent vous interpeler de façon plus particulière selon le lien que vous entretenez avec la victime. Le dévoilement d’une agression sexuelle au sein de votre famille ou de votre couple peut faire en sorte que votre vie personnelle et familiale sera propulsée dans un tourbillon.